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L’importance de la communication du CSE avec les salariés
Les membres du CSE sont des “représentants du personnel”.
Comment représenter quelqu’un si l’on ne s’interroge pas sur qui il est et ce qu’il veut?
Un “représentant”, qu’il soit membre d’un CSE ou qu’il soit élu de la nation se coupe de sa base s’il ne s’intéresse pas de prêt à ses conditions de vie et de travail.
Pire il ne pourra pas compter sur son soutien quand il en aura besoin pour faire avancer des choses dans le sens de ses intérêts.
Dans le cadre des missions d’un CSE, il y a ce qui se voit (les activités au bénéfice du personnel) et ce qui ne se voit pas (l’action du comité en matière de défense de l’emploi, des salaires, des conditions de travail…).
Comment éviter qu’au moment de faire avancer une proposition en faveur de l’intérêt collectif des salariés, l’employeur ne vous objecte que vous parlez en votre nom et pas au nom de vos collègues?
Il faut créer du lien. Aller vers les gens et leur faire découvrir le champs étendu de vos missions en tant que membre du CSE, bien au delà des seules activités sociales, même si celles-ci constituent un point d’appui non négligeable pour communiquer sur tout le reste.
Sortir des logiques individualistes pour recréer de la solidarité collective au sein de l’entreprise. Voilà l’enjeu, la clé de la réussite d’un mandat d’élu au comité social et économique.
2. Que faire pour créer du lien avec les salariés?
Il n’y a pas de recette miracle pour engager une communication efficace avec les salariés que l’on représente.
Chaque comité devra être imaginatif pour écrire sa propre feuille de route.
Nous vous proposons ici quelques pistes de réflexion issues de notre expérience. Mais cela n’a pas la prétention d’un “livre de recettes faciles” ni d’un manuel de “communication pour les nulles”.
2.1 Sortir de la redistribution individuelle sous forme de bons d’achat
La baisse continue du pouvoir d’achat de ces quelques 20 dernières années a conduit une large majorité de comités à privilégier les bons d’achat.
Il n’est pas contestable que le bon d’achat de fin d’année pèse lourd dans la hotte d’un père noël devant faire sa tournée avec moins de 1500 € par mois.
Toutefois, cette tendance à vouloir combler les carences de l’entreprise en matière salariale ne sert pas le collectif, bien au contraire.
Elle conduit les élus à se défaire de la gestion des activités sociales en passant par des prestations clé en main et dématérialisées, parfois inadaptées aux contraintes géographiques des bénéficiaires. (Tout le monde n’habite à côté d’une grande ville ou l’on va trouver un cinéma Gaumont, une Fnac, un Carrefour…etc)
Elle plombe l’action syndicale en matière de négociation sur les salaires.
S’il devient normal d’obtenir par la voie du CSE, ce que l’on a du mal à gagner par celle de l’action collective, alors les négociations annuelles sur les salaires n’ont plus de sens.
Les délégués syndicaux ne peuvent argumenter efficacement que s’ils sont soutenus dans leur action par une majorité de salariés conscients de leur force et solidaires.
Pour cette raison, nous invitons les élus du CSE à engager une double réflexion sur les objectifs de leur politique sociale:
– Comment mettre en place une offre qui socialement du sens pour les salariés qu’ils représentent?
– Comment recréer du collectif?
2.1.1 Donner un sens social aux activités du CSE
Dans le soucis de mieux coller aux attentes des salariés, de nombreux comités débutent leur mandat par une enquête tournée vers ce qui leur ferait plaisir.
Outre le fait que la réponse à cette question sera le plus souvent “du pognon”, les élus risquent de se retrouver dans une impasse car les désirs de chacun sont par définition infinis et très différents d’un individu à l’autre.
Sans remettre en cause le bien fondé de la démarche consistant à vouloir coller aux aspirations des gens pour mieux les représenter, nous préconisons de partir de leurs besoins, plutôt que de leurs désirs.
Il est à notre sens beaucoup plus pertinent de mener un enquête pour connaître les habitudes des gens en dehors de l’entreprise, afin d’identifier à quoi le CSE pourrait leur être utile.
Cherchons à savoir, par exemple, si les salariés auxquels on s’adresse partent en vacances, combien de fois dans l’année, dans quelle zone géographique, dans quelles conditions d’hébergement, avant de leur demander ce qu’ils préfèrent entre un voyage en Espagne, un week-end à Disney land ou une sortie au ZOO de Beauval!
Si vous constatez qu’une majorité d’entre eux ne partent pas ou peu en vacances, c’est probablement plus par manque de moyens que par manque d’intérêt pour ce qu’il se passe en dehors de chez soi.
Ce faisant, vous aurez identifier un besoin ou le CSE pourra venir utilement en aide aux salariés sur quelque chose qu’ils n’auraient probablement pas pu s’offrir sans votre soutien.
2.1.2 Recréer du collectif
Il est de plus en plus difficile d’organiser des activités collectives.
“Les gens ne veulent pas retrouver leurs collègues le week-end ou pendant leurs vacances”
Combien de fois l’avons nous entendu? Et c’est vrai.
Pourtant, le rôle d’un CSE est bien d’œuvrer pour re-développer de la solidarité collective, tisser du lien entre les salariés. Ce lien qui vous fait tellement défaut pour défendre l’emploi, la santé et les conditions de travail!
Alors tant pis! Même si vous devez essuyer la critique (qui viendra toujours quoique vous fassiez), n’hésitez pas à proposer des sorties, des moments de convivialité. Vous serez toujours confronté à celui ou celle qui vous demandera ce qu’il (ou elle) peut avoir à la place du week-end au ski parce qu’il (ou elle) ne ski pas et qu’il (ou elle) aurait préféré…un chèque.
En revanche, pour garantir un minimum de succès à vos initiatives collectives, nous vous conseillons de vous baser sur l’enquête visée dans le paragraphe précédent. Si vous vous appuyer, là encore, sur les habitudes de vie des gens, vous aurez plus de chance de proposer une activité qui leur correspond.
2.2 Organiser des tournées de terrain
Une des difficultés les plus courantes que rencontrent les élus dans leur volonté de créer du lien avec les salariés, c’est la dispersion géographique.
Nous ne saurions trop vous conseiller d’organiser un planning annuel de tournées de terrain.
A l’instar de ce qui se fait pour les inspections en matière de santé, sécurité et conditions de travail, constituez des groupes, répartissez vous l’entreprise en zones géographiques et donnez rendez-vous aux salariés pour échanger avec eux sur leurs problèmes personnels ou professionnels.
2.3 Organiser des réunions d’information
Organiser des réunions régulières, par service, par atelier pour parler des thèmes d’actualité liés à l’entreprise, présenter les dernières initiatives du comité ou le programme des mois à venir.
A ce titre, il est impératif d’organiser au moins un rendez-vous annuel pour présenter votre bilan, les écarts éventuels entre les projets et la réalité de ce qui a été fait. “Représenter”, c’est aussi rendre des comptes.
3. Maîtriser sa communication écrite
Il est fréquent de constater que les comités ne maîtrisent pas leur communication écrite.
Le panneau d’affichage est souvent, de ce point de vue, inefficace.
Il est inefficace d’abord, car bien trop souvent mal placé. Il est inefficace ensuite, car couvert de messages ou d’informations disparates ou, pire encore, dépassés.
Un panneau d’affichage efficace est un panneau qui ne comporte qu’une ou deux infos essentielles à la fois.
On affiche pour “vu” et pour être “lu”!
Le destinataire d’un message écrit ne doit pas mettre plus de 30 secondes à capter l’information.
C’est la raison pour laquelle nous nous interrogeons sur l’opportunité d’afficher systématiquement tous les PV de réunions du CSE.
Un PV de 10 pages coller au mur prêt de la machine à café est-il souvent parcouru?
Nous pensons qu’il est plus utile d’afficher un simple compte-rendu d’une page avec 3 ou 4 informations essentielles que tous le monde aura intégré en passant, même de manière inconsciente!
Notez sur ce point que si l’information paraît incomplète, elle aura dans un second temps l’avantage de susciter des questions que viendront vous poser les intéressés.
4. La communication numérique
La mode est au site web. Quel comité n’a pas encore été approché par un prestataire de solutions numériques destinées aux CSE?
Nous ne disons pas que la communication numérique n’est pas utile au comité social et économique. Mais elle ne doit pas être une fin. Elle doit être un moyen de renforcer le lien avec les salariés, et surtout pas de le distendre un peu plus.
Faire un site web a du sens dans les situations évoquées plus haut:
Dispersion géographique des salariés.
Horaires décalés.
Faire un site web pose surtout et d’abord la question de l’objectif et de l’image que l’on souhaite donner de l’équipe qui compose le comité.
Un site web, il faut s’en occuper, comme d’un potager!
S’il ne vit pas, s’il n’est pas mis à jour régulièrement, vous donnerez l’image d’un équipe qui ne s’investit pas.
Un site web doit être pensé en fonction de ce que l’on souhaite mettre en avant. Le comité des fêtes ou l’instance qui se bat pour de meilleures conditions de travail, plus d’emplois et de meilleures rémunérations?
Pas de recette miracle, pas de mode d’emploi sur la communication vis-à-vis des salariés que vous représentez, mais un réflexion collective nécessaire sur le profil de l’entreprise et des salariés qui la composent, avant de poser les bases d’une stratégie payante.
1. Respecter le rôle et la place de chacun au sein du CSE
Une bonne communication de départ avec les dirigeants de l’entreprise commence par une clarification sur le rôle et la place de chacun au sein du CSE.
La mésentente, la défiance, le manque de transparence résultent souvent d’un mal entendu entre la direction et les élus.
Ce malentendu tient à la question du pouvoir.
Le CSE est quasi-systématiquement vécu comme une obligation légale par les dirigeants et rien de plus. Une obligation dont ils se passeraient bien car leur rôle c’est de diriger, et ils n’ont pas de temps à perdre en discussions avec des gens dont le rôle est d’exécuter un travail pour lequel ils sont payés. S’il faut en plus discuter avec eux des grandes décisions à prendre pour faire avancer l’entreprise…!
Et pourtant, la question du “pouvoir” n’a pas ici sa place. Il ne s’agit pas de savoir qui décide? Mais bien plus de savoir comment on décide? Dans quel objectif?
Le CSE n’est pas une instance de décision. Cette instance existe, c’est le conseil d’administration ou de surveillance de l’entreprise.
Le CSE est une instance de dialogue. Le dialogue précède la décision. Il a pour but de permettre à celui qui décide (le président et ses associés) de prendre ses décisions en tenant compte de l’ensemble des paramètres économiques et sociaux en présence.
L’objectif du dialogue social qui doit en principe s’épanouir au sein du CSE, c’est de permettre la prise de décisions servant efficacement l’intérêt de l’entreprise.
L’intérêt de l’entreprise peut se définir comme le respect des équilibre entre les impératifs économiques et les intérêts sociaux.
Une prise de décision trop systématiquement orientée vers la seule satisfaction des intérêts économiques finira toujours par se retourner contre l’entreprise elle-même et ses dirigeants.
Sacrifier le social à l’économique peut avoir un coût bien supérieur à celui que représente en apparence le respect des équilibres.
C’est la raison pour laquelle nous préconisons à chaque début de mandat d’ouvrir un débat sur la place et le rôle de chacun au sein du CSE.
Chacun à la place qu’il occupe détient une part de vérité.
C’est la somme des points de vue en présence qui mettra les décideurs en capacité de prendre les meilleurs décisions pour leur entreprise.
2. Travailler à la construction d’une équipe solidaire au sein du CSE
Une bonne communication c’est l’envoi d’un message clair et constructif par les membres élus du CSE vis-à-vis de leurs dirigeants.
Cela passe par l’image d’une équipe soudée et compétente. Une équipe qui travaille ses sujets collectivement.
Pour construire une équipe, il faut d’abord s’entendre sur ses objectifs et les moyens que l’on se donne pour y parvenir.
Qu’est-ce que l’on souhaite changer dans la vie de l’entreprise et quelles sont les propositions que l’on peut faire pour emporter l’adhésion de la direction?
N’oubliez jamais que vous vous adressez à des gestionnaires. L’humain, le social ne constitue pas le moteur principal de leurs prises de positions. Par conséquent, sachez toujours mettre en avant ce qu’ils y gagnent financièrement.
C’est dans cet esprit qu’il vous faudra organiser des réunions préparatoires en vue de l’élaboration de l’ordre du jour de chacune de vos réunions plénières.
Posez vos objectifs. Posez vos arguments. Définissez votre stratégie. Mettez vous collectivement d’accord sur le fond.
Sur la forme, il conviendra toujours de se répartir les rôles en fonction des capacités de chacun, quelles d’ordre technique ou relationnelles.
Vos interventions doivent être savamment orchestrées. Et lorsque un échange échappe à la stratégie définie au départ, n’hésitez pas à demander une suspension de séance pour la réajuster collectivement.
Faites taire vos émotions, détachez vous du lien hiérarchique qui vous lie à vos dirigeants, soyez professionnels, ne perdez jamais de vue l’intérêt de l’entreprise et le respect des équilibres qui vont avec.